Une dernière fois j’applique les deux morceaux de bois contre la vitre de l’étroite fenêtre, au sud de l’atelier. Là où les bords se touchent, la lumière ne passe plus, il sont droits et parfaitement ajustés. Les planches de palissandre sont prêtes à être assemblées pour former le fond de ma guitare classique.
Je vais apprendre à manier la varlope et la gouge, à travailler le bois dans le bon sens, à poncer au millimètre les barres d’épicéa qui viendront se nicher au coeur de la guitare, à apprivoiser la scieuse, la ponceuse et tant d’autres choses qui jusqu’alors se trouvaient sur une planète située à des années-lumière de la mienne.
Il y aura des moments magiques, quand la rosace prend sa forme et ses couleurs définitives, quand les planches assemblées commencent à ressembler à un instrument de musique et d’autres, où le découragement se fait sentir quand il faut raboter, limer, poncer pendant des heures de minuscules bouts de bois et qu’on a l’impression que les choses n’avancent pas!
Il y aura, au bout du compte, tous ces après-midi où, penchée sur elle, j’oublie le reste dehors.