mercredi 24 septembre 2008

Entre elle et moi




Une dernière fois j’applique les deux morceaux de bois contre la vitre de l’étroite fenêtre, au sud de l’atelier. Là où les bords se touchent, la lumière ne passe plus, il sont droits et parfaitement ajustés. Les planches de palissandre sont prêtes à être assemblées pour former le fond de ma guitare classique.

Pour elle et moi c’est un long chemin qui commence, semé de copeaux odorants de cèdre et de palissandre, de ceux qui laissent leur parfum sur les doigts, bien après qu’on ait rangé les outils…

Je vais apprendre à manier la varlope et la gouge, à travailler le bois dans le bon sens, à poncer au millimètre les barres d’épicéa qui viendront se nicher au coeur de la guitare, à apprivoiser la scieuse, la ponceuse et tant d’autres choses qui jusqu’alors se trouvaient sur une planète située à des années-lumière de la mienne.

Il y aura des moments magiques, quand la rosace prend sa forme et ses couleurs définitives, quand les planches assemblées commencent à ressembler à un instrument de musique et d’autres, où le découragement se fait sentir quand il faut raboter, limer, poncer pendant des heures de minuscules bouts de bois et qu’on a l’impression que les choses n’avancent pas!

Il y aura, au bout du compte, tous ces après-midi où, penchée sur elle, j’oublie le reste dehors.

Et c’est bien le temps qu’on passe pour sa rose…

Ma rose à moi dort encore sur l’établi, c’est une drôle de princesse qui attend patiemment qu’on vienne la réveiller. Et ce ne sont pas les ronces qui la rendent inaccessible mais ces étranges pinces métalliques qui la transforment, pour quelques temps encore, en mystérieuse forteresse.



mardi 16 septembre 2008

Le café noir du matin

Lisse et doux comme un matin d'hiver, le calme plat.
Et moi qui suis toujours entre deux montagnes, entre deux humeurs, entre deux couleurs, entre la pluie et le beau temps, entre le jour et la nuit...
Une chose cependant semble définitivement immuable et réconfortante au milieu des incertitudes: le premier café de la journée...


Juste comme une évidence
Le passage à l'heure d'hiver
Un éclat dans mes silences
Une caresse, un souffle d'air
Quelques grains de poussière d'ange
Ou les vertiges de l'enfer
Juste comme une évidence
Juste la vie douce, amère..

Et pourtant c'est presque rien
Le café noir du matin
Le temps qu'il fera demain
Un instant entre deux trains
Presque rien

Juste comme une évidence
Le bonheur est éphémère
Un pas de trop dans la danse
Il s'amuse et il se perd
J'hésite et je me balance
Entre l'endroit et l'envers
Juste comme une évidence
Juste la vie à refaire

Et pourtant c'est presque rien
Le café noir du matin
Le temps qu'il fera demain
Un instant entre deux trains
Presque rien

Juste comme une évidence
Entre rester et partir
De mystère en transparence
Le plus fou ou bien le pire
Un trait bleu sur mes nuits blanches
Et le jour pour en sortir
Juste comme une évidence
Juste la vie à s'offrir

Et pourtant c'est presque rien
Le café noir du matin
Le temps qu'il fera demain
Un instant entre deux trains
Presque rien