jeudi 18 décembre 2008

Lausanne en hiver

Elle sur un banc
Si près du lac les gens
Qui passent c'est fou elle prend
C'est fou elle prend son temps
Elle sur un banc
Si près du bord attend
Elle ne sais pas comment
Pourtant

On dirait qu'elle adore
Etre comme ça au bord
Qu'elle prie ou qu'elle s'endort
Qu'elle s'endort
Elle sur un banc
L'eau qui claque des dents
Vent gris trouble et pourtant
Pourtant

On dirait qu'elle adore
Etre comme ça au bord
Qu'elle prie ou qu'elle s'endort
Qu'elle s'endort...
Mais elle est juste là
Au bord
De l'eau

mardi 16 décembre 2008

L'endroit et l'enfer


Doucement sans crier gare
Elle te réveille de son regard moqueur
Dans le miroir
L'amour est un quai de gare
Tu voudrais être un oiseau migrateur
Quand elle s'égare
Etendre tes ailes
Dans un autre ciel

Et regarder les bateaux
Plus loin et encore plus haut
Au dessus de la mer...
Pour écouter le silence
Lorsque ta vie se balance
Entre l'endroit et l'enfer

Tu la cherches dans les bars
Le coeur brûlé par le rythme des mots
Et les guitares
La chaleur et le hasard
Te font vider ton verre un peu trop tôt
Un peu trop tard
Fondre dans l'ennui
Le jour et la nuit

Et regarder les bateaux
Plus loin et encore plus haut
Au dessus de la mer...
Pour écouter le silence
Lorsque ta vie se balance
Entre l'endroit et l'enfer

Tu danses avec le cafard
Le jour quelque part, tu fermes les yeux
Et ta mémoire
Elle s'arrime à ton histoire
Et tu t'endors noyé dans ses cheveux
Sans le vouloir
Pour encore un peu
Te perdre à son jeu

Et regarder les bateaux
Plus loin et encore plus haut
Au dessus de la mer...
Pour écouter le silence
Lorsque ta vie se balance
Entre l'endroit et l'enfer

mercredi 29 octobre 2008

Première neige

La première neige
A crevé son manteau
Troué le cortège
De tes mots
Tes derniers arpèges
Tes drôles de sanglots
La vie comme elle met à zéro...

Tu regardes tes ciels
Tu laisses couler tes pensées
Sur ton épaule
Le long de ton dos
Tu laisses passer les rivières
Sur ta peau

vendredi 17 octobre 2008

Nil

Je suis dans le soleil
Comme on va sous la pluie
Même le ciel qui s'en mêle
Tout s'embrouille et m'ennuie
L'envers du paysage
Et le poids des saisons
La couleur des orages
Sur ma ligne d'horizon

Tu marches près de moi
Ton silence m'égare
Tu plantes dans ma vie
Des milliers de poignards
Et je reste enfermée
Dans une tour d'ivoire
Dont j'ai perdu la clé
Et brisé les miroirs

Il y a dans l'air du temps
Comme une page qui se vide
Dans la chaleur torride
Et le rire des enfants
Mes doigts glissent sur l'eau
Caressent les nuages...

mercredi 24 septembre 2008

Entre elle et moi




Une dernière fois j’applique les deux morceaux de bois contre la vitre de l’étroite fenêtre, au sud de l’atelier. Là où les bords se touchent, la lumière ne passe plus, il sont droits et parfaitement ajustés. Les planches de palissandre sont prêtes à être assemblées pour former le fond de ma guitare classique.

Pour elle et moi c’est un long chemin qui commence, semé de copeaux odorants de cèdre et de palissandre, de ceux qui laissent leur parfum sur les doigts, bien après qu’on ait rangé les outils…

Je vais apprendre à manier la varlope et la gouge, à travailler le bois dans le bon sens, à poncer au millimètre les barres d’épicéa qui viendront se nicher au coeur de la guitare, à apprivoiser la scieuse, la ponceuse et tant d’autres choses qui jusqu’alors se trouvaient sur une planète située à des années-lumière de la mienne.

Il y aura des moments magiques, quand la rosace prend sa forme et ses couleurs définitives, quand les planches assemblées commencent à ressembler à un instrument de musique et d’autres, où le découragement se fait sentir quand il faut raboter, limer, poncer pendant des heures de minuscules bouts de bois et qu’on a l’impression que les choses n’avancent pas!

Il y aura, au bout du compte, tous ces après-midi où, penchée sur elle, j’oublie le reste dehors.

Et c’est bien le temps qu’on passe pour sa rose…

Ma rose à moi dort encore sur l’établi, c’est une drôle de princesse qui attend patiemment qu’on vienne la réveiller. Et ce ne sont pas les ronces qui la rendent inaccessible mais ces étranges pinces métalliques qui la transforment, pour quelques temps encore, en mystérieuse forteresse.



mardi 16 septembre 2008

Le café noir du matin

Lisse et doux comme un matin d'hiver, le calme plat.
Et moi qui suis toujours entre deux montagnes, entre deux humeurs, entre deux couleurs, entre la pluie et le beau temps, entre le jour et la nuit...
Une chose cependant semble définitivement immuable et réconfortante au milieu des incertitudes: le premier café de la journée...


Juste comme une évidence
Le passage à l'heure d'hiver
Un éclat dans mes silences
Une caresse, un souffle d'air
Quelques grains de poussière d'ange
Ou les vertiges de l'enfer
Juste comme une évidence
Juste la vie douce, amère..

Et pourtant c'est presque rien
Le café noir du matin
Le temps qu'il fera demain
Un instant entre deux trains
Presque rien

Juste comme une évidence
Le bonheur est éphémère
Un pas de trop dans la danse
Il s'amuse et il se perd
J'hésite et je me balance
Entre l'endroit et l'envers
Juste comme une évidence
Juste la vie à refaire

Et pourtant c'est presque rien
Le café noir du matin
Le temps qu'il fera demain
Un instant entre deux trains
Presque rien

Juste comme une évidence
Entre rester et partir
De mystère en transparence
Le plus fou ou bien le pire
Un trait bleu sur mes nuits blanches
Et le jour pour en sortir
Juste comme une évidence
Juste la vie à s'offrir

Et pourtant c'est presque rien
Le café noir du matin
Le temps qu'il fera demain
Un instant entre deux trains
Presque rien






vendredi 25 juillet 2008

Les rives de l'Orge

Le bruit de la pluie
Et la solitude
Partagent ses nuits
Une douce habitude
Elle sourit
Elle fait toujours comme si...

Elle se demande
Où sont passés
Les courants
La vie qui gronde
Le goût salé
Des tourments

Elle s'enfuit
Va boire à l'eau des puits
Elle oublie
Les saisons et la pluie

Elle se demande
Si elle pourrait
Retrouver
Le bleu de l'ambre
Les grands marais
Sous ses pieds

Elle s'ennuie
Elle ne l'a jamais dit
Elle sourit
Elle fait toujours comme si...

mardi 22 juillet 2008

Passer les rivières


J'ai laissé dans le silence
Les rêves incertains de mes nuits
Quelques rimes sans importance
Mes insomnies
J'ai longé les étangs gelés
Remis mes chimères à leur place
Je voulais pour les remplacer
Un peu d'espace

Entre l'oubli et la lumière
Entre la caresse et l'ennui
Il faut bien passer les rivières
Se croire à l'abri

Le temps efface les couleurs
Et j'oublie de les inventer
Quand je laisse passer les heures
Les yeux fermés
J'aimerais frapper à ta fenêtre
Plonger dans l'eau claire de ta vie
Et pouvoir distinguer peut-être
Le bleu du gris

Entre l'oubli et la lumière
Entre la caresse et l'ennui
Il faut bien passer les rivières
Se croire à l'abri

J'ai découvert un chemin
Au delà de l'indifférence
Pour aller juste un peu plus loin
Que la chance
Pour longer les étangs gelés
Ranger les chimères à leur place
Et vouloir pour les remplacer
Un peu d'espace

Entre l'oubli et la lumière
Entre la caresse et l'ennui
Il faut bien passer les rivières
Se croire à l'abri